Zwift – Le curseur Difficulté du Trainer – La base
Il suffit d’observer les débats passionnés que génère le curseur de « Difficulté du Trainer » sur les réseaux sociaux pour mesurer le degré d’incompréhension de ce réglage dans Zwift.
Derrière une terminologie contestable, ce cache en fait un principe simple mais dont les impacts dans le jeu ne sont pas toujours bien compris.
Même si ce sujet a déjà fait l’objet d’une abondante littérature, je vais donc tenter d’apporter une réponse différente sous formes de questions/réponses.
C’est normal d’être interpellé par la dénomination de ce curseur. Traduction littérale de “Trainer Difficulty” dans la version originale de Zwift, ce réglage donne impression qu’il va rendre le pédalage plus ou moins dur …
Mais, ce n’est pas le cas et la réalité est très différente.
Pour bien comprendre ce réglage, il faut connaitre le fonctionnement des logiciels de simulation de cyclisme.
Connecté à un Home Trainer Smart, le logiciel reçoit la puissance produite par le cycliste. Cette information est intégrée avec les paramètres du monde virtuel (pente, vitesse courante, le matériel, l’aspiration, le type de sol, etc. …). Ceci permet de calculer le bilan des forces qui concourent et s’opposent au déplacement du cycliste et ainsi déterminer l’évolution de la vitesse et nouvelle position du cycliste.
En retour, le logiciel va transmettre au Home Trainer les informations permettant de simuler la résistance. Pour coller au plus proche de la réalité, le Home Trainer va donc appliquer une résistance qui est l’addition des résistances induites par la gravité, le frottement de l’air et du roulage sol que le cycliste aurait rencontré dans le monde réel.
Résistance Totale = Résistance Gravitationnelle + Résistance Frottement Air + Résistance Roulage
Dès l’adaptation de résistance effectuée, le Home Trainer va à nouveau mesurer la puissance et la transmettre à Zwift. Cette boucle se répète plusieurs fois par seconde pendant toute la durée de la session. Elle est la base de tous les systèmes de simulation de cyclisme.
Zwift n’échappe pas à ce principe de fonctionnement. Cependant, il y apporte une adaptation via le curseur « Difficulté du Trainer » décrite ainsi :
“The default position is midway between “Off” and “Max,” or 50 percent of the grade resistance you’d find while riding the same grade of hill in the real world.”
Ce curseur a donc pour effet de déterminer le pourcentage de résistance liée à la gravité qui va être intégré dans la résistance totale simulée par le Home Trainer. Donc, la formule classique classique permettant de déterminer la résistance est donc modifier ainsi :
Résistance Totale = (Résistance Gravitationnelle * % Difficulté Trainer) + Résistance Frottement Air + Résistance Roulage
Ce coefficient va donc permettre de diminuer la résistance due à la pente, voire même de l’annuler en mettant le curseur à zéro. Néanmoins, le fait de mettre à zéro le curseur ne supprime pas toute la résistance. En effet, les frottements de l’air et du roulage continuent à être simulés correctement quelle que soit la position du curseur.
NON, et cette incompréhension vient de la difficulté pour notre esprit de séparer les effets « vitesse » et « résistance » du relief qui sont totalement liés dans la réalité.
Dans le monte virtuel, ces deux conséquences de la pente peuvent être traitées séparément. Et Zwift utilise cette possibilité :
- Concernant le calcul de la vitesse, la pente est systématiquement prise en compte et intégrée à 100%.
- Concernant la dureté, elle peut être minorée, voire annulée grâce au fameux curseur.
A même production de puissance, NON !!!
L’algorithme utilisé par Zwift pour déterminer la vitesse à partir de la puissance produite donnera systématiquement la même vitesse pour une meme configuration (poids/pente/puissance/matériel/aspiration). La résistance n’intervient jamais dans ce calcul.
Afin de garantir l’équité entre tous les participants et s’assurer qu’ils subissent tous les mêmes règles physiques, aucun paramètre de Zwift ne permet d’agir sur le calcul de la vitesse.
Les concurrents ne sont départagés que par leurs poids, leurs matériels, leurs productions de puissance et leurs capacités à tirer le meilleur bénéfice de l’aspiration (si elle est disponible).
Effectivement, à rapport de transmission constant, ce serait le cas …
Mais, le cycliste va naturellement travailler à effort constant. Pour cela, il va donc jouer avec les vitesses afin d’adapter le développement et pouvoir développer une même puissance.
Si il diminue la difficulté, le cycliste descendra naturellement sur un pignon plus petit afin de retrouver une résistance permettant de developper sa force & cadence habituelles. Donc, il va produire à nouveau la même puissance et donc retrouver la même vitesse …
Une autre manière d’envisager ce réglage est d’imaginer monter d’une cassette 11-32 au lieu d’une 11-28 sur son vélo.
Dans le monde réel et pour une meme pente, quelque soit la cassette, sur le 28 dents, on ressentira la même résistance. Mais avec la cassette 32, on bénéficie d’un dernier pignon que l’on peut enclencher pour soulager l’effort et retrouver un peu de cadence.
Or, dans zwift, en diminuant la difficulté, on a vu que l’on allait produire le même effort mais sur un pignon plus petit. Donc, on dispose, comme sur la cassette montagne, d’un (ou plusieurs) pignons supplémentaires à gauche pour retrouver de la vélocité si nécessaire.
Oui, cela fausse la parfaite simulation du cyclisme.
Mais la conséquence est différente de celle qu’on imagine à priori. Comme dit plus haut, cela ne modifie pas la capacité du cycliste à produire des puissances identiques. Cependant, ces productions ne seront pas réalisées sur les mêmes rapports de transmission.
- Plus on baisse la difficulté, plus on diminue l’amplitude du relief ressenti, moins il aura de besoin de changer de rapports.
- Plus on l’augmente, plus il faudra jouer avec les vitesses pour compenser les variations de résistances liées à la pente.
Le véritable impact du curseur sur la simulation est donc bien dans la façon dont le cycliste va devoir utiliser sa transmission.
NON, ils ont apportés le même bénéfice que si tu avais été à 100% (ou à n’importe quelle valeur) !
Car encore une fois, la seule chose qui comptent, c’est de bien définir et tenir les cibles de puissance !
Pour les exercices réalisés en ERG, ils ne sont pas impactés par le réglage du curseur car le ressenti du relief est désactivé dans ce mode (comme si le curseur était à 0%).
Pour ceux réalisés en libre, c’est même mieux … Car avec une influence du relief plus faible, et moins de changements de vitesses, les cibles sont mieux tenues.
De plus, la FTP chèrement obtenue à 50% restera valable à 100%. Donc si la FTP était bien réglée, les entrainements étaient optimaux !
La réalité est un grand mot ! Mais, en théorie, OUI … Pour obtenir la simulation physique la plus fidèle, il faut mettre effectivement mettre 100%.
Mais tout est une question de ressenti : la réalité de l’un ne sera pas la réalité de l’autre …
Pour reprendre l’excellente réponse de Quentin L., CM et fan des philosophes barbus :
« C’est vous qui voyez ! »
Le ressenti est quelque chose de personnel. Chacun trouvera réglage à son pied …
NON ! Sinon, ca ne serait pas drole ! Comme d’habitude, il a la théorie … et la pratique !
Mais, je développerai la suite dans un autre article.
Thepaincave…….c’est bon ça !!!!
Tout est bien clair dans ce qui est dit. donc, si je comprends bien, le réglage de la résistance du trainer ne joue que sur les sensations, le ressenti, pas sur les performances.
Je me base sur mon expérience. J’ai 65 ans, avec 40 ans de pratique du cyclisme amateur en compétition derrière moi et un an sur Zwift avec plus de 380 courses virtuelles.
Contrairement à la majorité des utilisateurs qui se servent de Zwift pour s’entrainer et améliorer leurs performances, je recherche dans ce simulateur le plaisir de rouler en peloton, de chasser, prendre des relais, passer les bosses en force ou m’abriter pour économiser mes efforts. Peu m’importe le classement ou la puissance, mon seul objectif est le plaisir de rouler en groupe.
Cela fait deux mois que dispose d’un home trainer capable de simuler les pentes au delà de 6%, j’ai donc décidé de régler la difficulté à 1OO% pour être le plus réaliste possible. Le changement est remarquable, en passant de 50 à 100%, j’ai retrouvé les sensations et le plaisir de la compétition.
Donc, oui c’est bien en fonction des sensations que l’on recherche qu’il faut régler le curseur. Mais pour ce qui me concerne, après avoir testé tous les réglages, je resterai à 100%.
Merci Bertrand pour tes précieux conseils avisés et la qualité de tes publications !
Joël
Merci Joël d’avoir pris le temps de me laisser un commentaire … Je prépare la suite de cet article à ce sujet. Choisir 100%, c’est faire le choix du réel; pas celui de la performance. Donc tu as plus de contraintes et d’inconvénients … Mais aussi plus de plaisir !
Bonjour Bertrand,
Super Boulot toute cette page !
Mais j’avais une question, si nous sommes avec une cassette de 11-25, quelle résistance du HT sur zwift doit on mettre au niveau de la résistance pour simuler un 11-32. Par exemple pour l’Alpe de Zwift, quelle résistance dois-je mettre afin que cela soit le plus réel possible en ayant donc des pignons de plus pour simuler un 11-32.
Merci beaucoup,
Matt
Salut,
Merci pour ton commentaire.
C’est assez difficile de te donner un chiffre car cela dépend de plusieurs paramètres (ton poids par exemple) mais surtout de ton ressenti.
Ma recommandation serait donc de partir de 100% et de diminuer jusqu’à trouver une position qui te donne u ressenti proche de l’IRL.
Pour ma part, ma technique est simple. Je sais que je passe le grand pignon arrivé à 10%. En baissant de 5 en 5, je trouve un point d’équilibre à 85%.
Bien à toi
Test réalisé aux extrêmes : Il y a quand même une grande différence lorsque les pourcentages sont importants, je pense surtout à la montée de L’alpe du zwift, dans chaque virage en épingle la pente diminue de 9-11% à 5-6% – Mon effort en 100% diminue de presque moitié (disons de 250W –> 160 pendant l’épingle même en augmentant fortement la cadence) , il faut changer beaucoup de pignon (peu de puissance de transmise pendant ce temps), en gros je perds 20-30m à chaque épingle contre la plupart des concurrents. J’ai remarqué qu’en mettant 0% au curseur de difficulté, je reste à intensité stable et là je prends 20m d’avance sur les autres… J’en déduit que nombreux roulent “autour de 50%”. Mais finalement le 100% est plus réaliste.
Bonjour,
C’est exactement l’observation que je fais dans la suite de l’article que tu trouveras ici : Zwift – Le curseur Difficulte du trainer : la pratique … J’ai fait le test aux positions extrêmes et on voit directement l’effet produit sur la vitesse dans les épingles !
De plus, le réglage a des conséquences importantes sur la fatigue musculaire sur ce type de parcours !
Bien à toi
Bonjour et encore merci pour cet article , quelle sera la différence entre un zwifter qui a un home trainer qui simule la pente et l’autre non ?
Admettons que la puissance est identique entre les 2, la seule différence sera-t’elle le changement de braquet ?
Merci
Bonjour,
Merci pour ton commentaire, la différence entre un HT classique et un HT interactif sera la résistance qu’il opposera au cycliste.
Sur un HT interactif, elle va être déterminée par les paramètres du jeu pour être la plus réaliste possible.
Sur un HT classique, la résistance va être fonction de la vitesse de la roue arrière et du réglage du frein.
Effectivement, si tu n’as pas la même résistance entre les deux, tu utiliseras un braquet différent pour retrouver un compromis force/cadence compatible avec ton pédalage pour une puissance donnée.
Par exemple, si le HT classique donne moins de résistance et que tu veux passer 200w/90rpm, tu seras plus “a droite” qu’avec le HT interactif.
Bien à toi
Merci , c’est le cas avec mon HT non interactif , il faut que j’augmente la puissance de moi même dans les montée ou dans la poussière sinon je me fais lacher du groupe ,alors qu’avec un HT interactf , il faudrait baisser peut-être une vitesse pour garder cadence et puissance ^^
Une autre façon de jouer en fait ^^
Bienà toi
Bonjour Bertrand,
J’ai découvert ton post par le biais de Facebook Zwift Riders France.
Et il tombe à point nommé, car depuis 3 jours je me pose la question sur le principe de fonctionnement de cette fonction.
Je suis l’heureux possesseur depuis quelques années d’un HT BKool Smart Pro 1, et j’en suis très satisfait.
Avant de passer sur Zwift, j’ai beaucoup roulé sur Bkool.
De mémoire le HT simule les pentes à 16 ou 18%. Alors arrivé au niveau 12 de Zwift je me suis lancé dans l’Alpe pour sentir la sensation d’un grand col sur le jeu.
Quelle ne fut pas ma déception, je suis monté tranquille sans taper dedans …. avec une transmission 36/25 à 90% du parcours et le reste en 36/28
Avec nom niveau de merde IRL (in real life), c’est très loin de la réalité. Donc après multiples recherches, j’ai je pense enfin compris l’utilité ce cette fonction que j’avais essayé de pousser à environ 65-70%.
Je vais refaire un test à 100%. L’idée que je conçoit par rapport au home trainer c’est d’être au plus près des conditions réelle.
Merci Bertrand et bon Ride
Salut,
Oui, ce curseur est assez déroutant … Surtout lorsque l’on vient d’une autre plate-forme.
Je pense qu’un réglage autour de 80% sera plus approprié.
Petite remarque supplémentaire : le support de pente a 16/18% est un peu optimiste et surtout très commercial.
En effet, il ne prend en général en compte un poids minoré (cycliste+vélo) et surtout des vitesses faibles.
Reste que le curseur fait son effet et nivelle ces pentes. L’idéal est donc de trouver le compromis qui te convient.
Bien à toi