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COMPARAISON TACX FLOW VS. 4IIII PRECISION

COMPARAISON TACX FLOW VS. 4IIII PRECISION

Que vaut le moins cher des home-trainers face à un capteur de puissance ? Et bien, c’est plutôt une (bonne) surprise …

Introduction

C’est le modèle avec lequel j’ai débuté le home-trainer. Bien que remplacé de longue date par un Neo 1, je l’ai conservé et il est devenu le home-trainer de Madame. Malgré sa très faible résistance et sa propention à chauffer, c’est un modèle permet de s’initier aux joies du cyclisme indoor. Il reste simple à mettre en oeuvre et fiable (tant qu’on ne le brutalise pas trop).

Pour toutes ces raisons, je le recommande chaudement dans mon comparatif des home-trainers. De plus, ce modèle était vendu 200€ dans les magasins Décathlon quelques jours avant le confinement. Ceci en fait donc le home-trainer interactif le plus accessible et surement un des meilleurs rapports qualité-prix avec les modèles Elite Suito et Direto.

Malheureusement, la période de pénurie a épuisé les stocks et les derniers modèles disponibles se sont échangés à des prix record.

Mais que vaut réellement home-trainer en terme de justesse ? Est-ce du  low-cost ou du bas de gamme ? Ou, est-ce qu’on peut avoir une bonne surprise pour un prix modique !

Pour se faire, j’ai utilisé ma procédure de test déjà mise en oeuvre dans le test du Neo.

Les préalables

Avant de se lancer dans le test, il faut préparer son matériel pour avoir des résultats crédibles.

Coté capteur de puissance

Le capteur 4iiii Précision est calibré en usine. Il a juste besoin d’un “Zéro Offset” de temps en temps. C’est une procédure très facile à réaliser : il suffit de mettre le pédalier à la verticale et de lancer le calibrage, vélo bien vertical.

Coté home-trainer

Là, il va falloir procéder à un calibrage plus complexe. Donc, on commence par :

  • vérifier la mise à jour de son HT (avec Tacx Utility – Figure 1)
  • nettoyer et dégraisser pneu et rouleau;
  • gonfler le pneu à 8 bars
  • rouler une 10-15 minutes pour faire chauffer pneu et home-trainer
  • et enfin CALIBRER !!!

On ne le rappelle jamais assez le calibrage spindown est une procédure indispensable. Sans une réalisation régulière, vous n’aurez ni justesse du résultat ni répétabilité des mesures … Donc, j’ai réalisé le calibrage avec Tacx Utility (figures 1 et 2), seul outil permettant de faire ce calibrage correctement.

En effet, le calibrage du Tacx Flow repose sur un réglage manuelle de la molette de fermeture du home-trainer qu’il faut serrer ou desserrer en fonction des instructions du logiciel. Et, il faut répéter le test jusqu’à ce que le curseur soit parfaitement centré (figure 2).

Figure 1 – Mise à jour du HT via Tacx Utility

Figure 2 – Calibrage du HT via Tacx Utility

Séance générale

Ce test a été réalisé avec la version 1.1 de mon protocole de test, légerement différent de la version utilisée pour le test du Neo. Seul la position du sprint différe. Toutes les captures qui suivent ont été réalisées avec des outils réalisés par mes soins. 

Le Tacx Flow est en Bleu

Le Capteur 4iiii Précision en Rouge

Même si on note une grande instabilité de la puissance mesurée par le capteur et de référence (le 4iiii) et des écart dans la partie libre, l’impression générale est plutôt bonne.

Phase par Phase

Phase 1 – Echauffement

L’ensemble est plutot cohérent … Contre toutes attentes, le Flow est moins disant à ces basses puissances (environ 5 à 8%).

    Phase 2 – Intervalles ERG

    Pas … Malgré l’instabilité du HT, les mesures de puissance sont plutot cohérentes sur les phases actives des intervalles :

    • Sur les faibles puissances, le HT reste moins disant (comme pendant l’échauffement),
    • Dès que l’on passe les 250w, on retrouve une cohérence plutôt satisfaisante.

    Par contre, l’analyse des phases de repos montre clairement le principal problème de ce home-trainer : le HT devient plus disant (courbe bleue au dessus de la rouge) quand on sort d’un intervalle soutenu.

    C’est un problème des home-trainer de type wheel-on. Lors de l’intervalle soutenue, la roue va atteindre une grande vitesse. Lorsque le cycliste va arreter son effort, la production de puissance va instantanément chuter, mais la roue arrière ne va ralentir que progressivement.

    Ce type de home-trainer utilisant, entre autres, la vitesse de la roue arriere pour déterminer la puissance est donc tromper temporairement et sur-estime donc la puissance. Cependant, la roue ralentissant, les puissances finissent pas re-converger progressivement et l’écart s’efface (ce phénomène est particulierement visible dans les phases de repos des derniers intervalles).

    Sur les home-trainer plus haut de gamme, ce problème est mieux compensé. Mais, le Tacx Flow ne semble pas offrir un mécanisme suffisant efficace et réactif pour cela.

    Ci-dessous un zoom de chaque répétition.

    Phase 3 – Libre

    La vue d’ensemble donne globalement une très bonne impression générale, notamment en mode flatroad (c’est à dire mode SIM avec relief désactivé).

    Phase 3-1 – Mode Flat Road

    L’analyse plus fine de la courbe sur cette partie confirme la cohérence de la mesure. Mais, elle met aussi en évidence une légère sur-estimation de la mesure (de l’ordre de 3 à 5%). Sans être dramatique, on ne peut la nier.

    Phase 3-2 – Le Sprint

    Lors de cette phase, on note toujours une belle cohérence. La seule difficulté va se situer à l’approche de la limite mesurable de l’appareil (environ 650w). Arrivé à niveau, on observe donc un plateau lié à l’écrêtement des valeurs.

    Phase 3-3 – Le mode SIM classique

    C’est le mode par défaut avec simulation de l’environnement (et donc du relief).

    Tout d’abord, on note deux problèmes :

    • Un premier : au tout début, lié à la vitesse de la roue arrière post-sprint … On retrouve donc les même causes et conséquences que pendant les récup des intervalles (cf. plus haut).
    • Un deuxième, sous forme de pic de puissance que je n’explique pas puisque je n’ai pas réussi à reproduire le problème (probablement un soucis de connexion).

    Ensuite, en dehors de ces deux évènements isolés, l’analyse rejoint celle du mode flatroad, on retrouve donc une fiabilité de la mesure et une surestimation d’environ 5%.

    Phase 4 – Le MODE MAX

    Rien à déclarer sur ce mode ou l’ensemble est plutôt correct compte tenu de la résistance max offert par ce home-trainer.

    Phase 5 – Retour au calme

    Encore une fois, c’est très cohérent avec une très légère sur-estimation (env. 3%).

    Le seul problème que l’on note se situe juste après le mode MAX. On retrouve une nouvelle fois la conséquence de la vitesse importante acquise par la roue arrière après la phase MAX et le retour à la normale progressif.

    Conclusion

    Ce n’est clairement pas un Neo, mais cet appareil a du potentiel pour son prix :

    • Niveau fidélité, l’ensemble est plutôt bon à l’exception du problème de sur-estimation de mesure après les intervalles intenses.
    • Niveau justesse, la puissance est sur-estimée – mais finalement pas tant que ça : environ 5%.

    La combinaison de ces deux facteurs amène une sur-estimation globale de l’ordre de 7 à 8% dans une utilisation classique. Mais compte tenu du problème de fiabilité, la sur-estimation pourra basculer au delà les 10% en cas de production de puissance fluctuante (par exemple : enchainements de bosses). Dans ce cas, le cycliste sera clairement avantagé, bénéficiant d’un surplus de puissance à chaque “temps calme”.

    En conclusion, les coursiers devront éviter ce modèle qui ne refletera pas leurs performances (limité en sprint et surestimé au global). Mais, il fait plus que le job pour 200€ et il est parfaitement utilisable pour une utilisation fitness courante (entrainement et group ride).

    Par contre, il faut garder à l’esprit que ces performances s’entendent pour un calibrage soigné et régulier … En l’absence de cette rigueur, les mesures de cet appareil seront totalement fantasques …

    A propos de l'auteur

    Bertrand PASQUIER

    En recherche permanente d'une réponse à la question "Combien de vies dans une vie ?" ... Ou comment concilier sport, travail, famille, amis & passions !

    8 commentaires

    1. komino

      Merci pour ce comparatif, quand vous dites “Ce type de home-trainer utilisant, entre autres, la vitesse de la roue arrière pour déterminer la puissance est donc tromper temporairement et sur-estime donc la puissance.” cela signifie que l’inertie de la roue joue un rôle dans l’estimation de puissance ? Ma question est donc la suivante : est-ce que si on met une roue à forte inertie (par exemple carbone avec roulement céramique), au plus on va être sur des effort intense au plus l’estimation de puissance sera à notre avantage ?

      Réponse
      • Bertrand PASQUIER

        Bonjour,

        Je vais essayer de répondre à ta question :

        Techniquement oui, car le problème est bien un problème d’inertie …
        Il trouve deux origines :
        – une inertie mécanique dans lequel le poids de la roue est un facteur
        – une inertie logicielle lié à l’imperfection du HT

        Personnellement, je pense que c’est cette dernière qui est à l’origine du problème.
        En effet, tu noteras qu’il faut plusieurs dizaines secondes pour dissiper cette inertie. Or, si c’était un problème purement mécanique, ceci ne prendrait que quelques secondes avant que l’effet devienne non significatif. Ceci tend à montrer que c’est bien l’insuffisance de réactivité du HT qui est à l’origine du problème.

        En conclusion, meme si on ne peut écarter une aggravation de l’effet avec des “roues lourdes”, je ne pense pas que ce soit extrêmement significatif.

        Bien à toi

        Réponse
      • MatH D

        Si le calibrage est fait avec ce même matériel ça ne changera rien.
        Par contre élément très important qui ne semble pas précisé dans l’article, ce calibrage doit être fait à chaud, car dans le cas contraire la mesure de puissance va dévier petit à petit en chauffant.

        Réponse
        • Bertrand PASQUIER

          C’est tout a fait exact ! Puisque le role du calibrage est de prendre en compte la somme de toutes forces qui vont concourir à la décélération … Donc l’inertie lié au poids de la roue sera bien prise en compte. Merci Mathieu pour la précision !

          Réponse
    2. Julien roux

      Super article Bertrand merci. Donc avec ce HT on ne peut pas faire plus que 650 watts?

      Réponse
      • Bertrand PASQUIER

        Salut,

        En crête, si … Mais pas de manière continue, car il ne pourra pas t’offrir la résistance permettant de le faire.

        Bien à toi

        Réponse
    3. Loïc

      Bonjour Bonjour 🙂

      Nouveau lecteur, merci pour les articles forts intéressants

      Je me sers depuis décembre dernier d’un modèle ayant quelques années, le TACX I-Genius Smart, et la précision des données est une petite obsession chez moi, déformation professionnelle …
      Je présume qu’a la période à laquelle il est sorti, quand les entrainements directs n’étaient pas à l’ordre du jour, les trainers étaient également soumis à une certaine hiérarchie (gamme)

      J’ai en référence secondaire les Garmin Vector 3s (gauche seulement), que j’ai mis assez longtemps à apprivoiser (relativement pénibles)

      La procédure de calibrage du i Genius est “automatique”, les fesses sur la selle, on lance la roue après avoir demandé le calibrage, mais de nombreux facteurs l’influencent, pour établir un protocole stable, il m’a fallu quelques mois, la pression du pneu en rapport à sa section, bien sur, la pression du rouleau sur la pneumatique, mais paramètre plus original, le bon serrage de la base arrière sur le traineur + l’endroit ou l’on situ le poids au moment du calibrage (selle/pédales/cintre)

      Le système, meme une foi bien serré, y reste sensible, et l’on peut naviguer d’un coté à l’autre de l’espace “vert” de la zone de calibrage en fonction de la répartition des appuis sur le vélo (j’ai choisi de me mettre en position d’utilisation pour mes tests)
      Ceci est peut etre du à une “usure” du trainer ou du système de serrage, mais il ne me semble pas

      Enfin, tout ceci dit, une foi le protocole choisi et appliqué, j’arrive a reproduire de manière régulière des exercices à moins de 2% d’ecart sur un effort long et complexe en puissance moyenne entre les mesures du traîner et des pédales

      Les principales différences se font sentir sur les variation “rapides” de puissances (sprints ou baisses) ou les Vectors sont plus véloces à prendre la mesure, sur les puissances maintenues au delà de quelques secondes, les valeurs se valent, du moins avec un ecart acceptable, y compris pour s’aligner sur une épreuve (ce n’est pas mon intérêt, je pratique, mais sans aucune quête de podium, juste pour une production rapide d’endorphines (vilain drogué), mais je n’aime pas l’idée de me savoir avantager malgré tout)

      Je ne pense pas qu’au moment ou ces traîneur ont été produits, qu’il ait été aussi “important” d’avoir des données comparables aux autres utilisateurs, mais, avec un peu de temps, ça reste quelque chose d’envisageable (bien que sacrément prise de tète)…du moins, sur ce modèle
      Voila un petit bout d’expérience, par un vrai novice, loin de votre niveau d’analyse, mais assez mordu pour y passer du temps
      J’ai réceptionné un pédalier équipé d’un SRM pour pouvoir “trianguler” tout ça, et validé ou non mes protocoles perso….c’est une sacrée usine à gaz pour pas grand chose, mais bon (ce matériel m’est très utile à coté pour mon boulot !!😋 )

      Un exemple “recent” de calibrage correct assez parlant sur les changements de puissance brefs, les efforts lissés
      https://www.zwiftpower.com/analysis.php?set_id=19964

      Sur mon profil trainent quelques exemples moins réussis, j’en ai fait un paquet, j’efface un peu à mesure et je garde les bons, et les mauvais exemples…

      Nota; le calibrage doit être quotidien, (le pneu “chauffé” au moins 10mn avant) et vérifié pendant au moins quelques minutes avec une lecture simultanée des puissance moyennes sur 10sec (donc deux gps en sus d’une éventuelle appli sur l’ordi)….long et un poil pénible 🙄
      il faut parfois s’y reprendre à plusieurs reprises pour passer sous les 2%, mais on arrive (très) facilement à etre autour de 4….

      Merci pour les lectures, je me suis arrêté sur celle ci car elle m’intéressait particulièrement, mais j’ai parcouru nombre d’autres chouettes articles !!

      Pardon pour l’orthographe, les explications mal développées et tout et tout 😉

      Bonne continuation

      Loïc

      Réponse
      • Bertrand PASQUIER

        Salut,

        Je n’ai effectivement pas grand chose à ajouter … Tu as bien compris l’importance d’avoir un protocole stricte.
        C’est la condition sine-qua-none pour obtenir des mesures de qualité même avec un wheel-on.
        Merci pour ta contribution.

        Bien à toi

        Réponse

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